Sa biographie
Il s'agit de Abou ^Abdoul-Lah Mouhammad, fils de 'Idris, fils de Al-^Abbas, fils de ^Outhman, fils de Chafi^, fils de As-Sa'ib, fils de ^Oubayd, fils de ^Abdou-Yazid, fils de Hachim, fils de ^Abdou-Mouttalib, fils de ^Abdou-Manaf. Il est donc arabe, Qourachiyy, Hachimiyy, Mouttalibiyy. Son ascendance, sa lignée se rencontrent avec celle du Messager de Allah, salla l-Lahou ^alayhi wa sallam en son ancêtre commun ^Abdou-Manaf.
Ach-Chafi^iyy naquit à Gaza[en Palestine] en l'an cent cinquante de l'Hégire. C'est la même année durant laquelle est décédé l'Imam Abou Hanifah, que Allah l’agrée.
Yaqout Al-Hamwiyy rapporte dans son Mou^jam que Ach-Chafi^iyy a dit: «Je suis né au Yémen. Ma mère, craignant pour ma lignée, m'a alors amené à La Mecque alors que j'avais dix ans ou presque». Certains ont cherché un accord entre les deux versions pour dire que Ach-Chafi^iyy est né à Gaza et qu'il a grandi à ^Asqalan, un village qui est distant d'environ de trois faraçikh de Gaza, mais qui était habité par des tribus du Yémen.
Ach-Chafi^iyy a grandi dans une famille pauvre. Son père est décédé alors qu'il est encore jeune, sa mère est partie avec lui s'installer à La Mecque afin de conserver la noblesse de sa lignée.
Sa mère s'appelle Fatima, fille de ^Abdoul -Lah Al-'Azdiyyah relativement à la tribu Al-'Azd. Ach-Chafi^iyy a grandi dans la pauvreté. Il n'avait pas beaucoup d'argent de sorte qu'il avait recours, lorsqu'il demandait la science, à écrire sur des bouts de pierres, de cuirs ou encore de palmes de palmiers et d’os d'animaux; il vivait tellement dans la pauvreté qu’il n'avait pas les moyens d'acheter des feuilles.
Ach-Chafi^iyy a mémorisé le Qour'an honoré alors qu'il était jeune. Il s'est mis à apprendre les hadiths du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wa sallam et à les écrire. Il a voyagé pour s'installer dans la campagne; il a vécu avec la tribu de Houdhayl pendant dix ans afin d‘apprendre d'elle la linguistique arabe et le vocabulaire de cette tribu. Ach-Chafi^iyy, en même temps que l'apprentissage de la science, avait mémorisé la poésie de Houdhayl et les nouvelles que rapportaient cette tribu. Houdhayl faisait partie des tribus arabes qui étaient très éloquentes. Tout en apprenant la science, Ach-Chafi^iyy avait appris le tir à l'arc, de sorte qu’il tirait dix flèches et n'en ratait aucune. Et il a dit à ce sujet: «Mon ardeur portait sur deux choses: le tir à l'arc et la science; et je suis devenu performant dans le tir de sorte à atteindre la cible dix fois sur dix». Ensuite il s'est tu. C'est alors qu'un de ceux qui étaient à l'entendre lui a dit: «Par Allah, tu es dans la science meilleur qu'au tir!».
Ach-Chafi^iyy à la Mecque.
Au tout début, Ach-Chafi^iyy s'est intéressé à la poésie, à la littérature et à l'histoire des Arabes. Par la suite, Allah lui a accordé les causes qui l'ont détourné pour s'occuper de la Jurisprudence et de la Science. D’après différentes versions, il avait rencontré un jour sur son chemin, alors qu'il allait apprendre la grammaire et la littérature arabes, Mouslim Ibnou Khalid Az-Zinjiyy qui était alors le moufti de la Mecque. C'est alors que ce moufti a demandé à Ach-Chafi^iyy: «D'où viens-tu?» Il lui a répondu: «Moi, je fais partie des gens de La Mecque.» Il lui a dit: «Où habites-tu ?» Il lui a rétorqué: «A Chi^ab Al-Khayf. Le Moufti lui a posé cette question: «De quelle tribu es-tu?» Ach-Chafi^iyy lui a répondu: «Je suis de la tribu de ^Abdou-Manaf.» Alors, Mouslim lui a dit:«Bonheur à toi, Allah t'a honoré dans le bas monde et dans l'au-delà! Pourquoi ne mets-tu pas ton intelligence et ta compréhension au service de la jurisprudence ? Ce sera mieux pour toi.»
Ach-Chafi^iyy a excellé dans la Jurisprudence, et ce malgré son jeune âge. Az-Zinjiyy lui a autorisé à donner des avis de jurisprudence. Mais l'ardeur de Ach-Chafi^iyy est telle qu’il ne s’est pas limité au niveau qu'il a atteint. En effet, des nouvelles lui étaient parvenues au sujet de l'Imam de la terre de l'Émigration, Malik Ibnou 'Anas, que Allah l'agréé. Cela avait eu lieu à l’époque où le nom de Malik avait été connu dans tous les horizons et que Malik avait atteint de hauts degrés dans la Science et dans le Hadith.
Ach-Chafi^iyy à Médine l'Illuminée
La détermination de Ach-Chafi^iyy l’a poussé à émigrer vers Médine à la quête de la Science. Il s'est préparé pour cela puisqu'il avait emprunté le livre " Mouwatta' Malik " d'un homme qui était à La Mecque. Il l'avait lu et l'avait appris par cœur. Ensuite, il a voyagé à Médine. Lorsque l'Imam Malik a interrogé Ach-Chafi^iyy sur son nom, et il lui répondu: «Je m'appelle Mouhammad». Malik lui a dit: «Mouhammad, crains Allah, fais preuve de piété à l'égard de Allah et évite les désobéissances, car tu auras certes un haut degré. Allah a fait que dans ton coeur il y a une lumière, n'éteins pas cette lumière par les péchés!». Puis il lui a dit: «Demain, tu viendras en compagnie de quelqu’un qui te servira de lecteur.» Ach-Chafi^iyy s'est mis à apprendre et, au fur et à mesure, Malik lui demandait encore davantage. Il est resté avec lui en rapportant de lui, en apprenant la Jurisprudence et en étudiant avec lui les divers cas sur lesquels l'Imam glorieux, Malik, donnait des fatwas jusqu'à ce qu’il décède en l'an cent soixante dix sept de l'Hégire. Ach-Chafi^iyy avait alors atteint la trentaine.
Ach-Chafi^iyy tenait beaucoup à rester auprès de l'Imam Malik, mais de temps à autre il accomplissait des voyages à La Mecque pour rendre visite à sa mère et pour profiter de ses conseils. Sa mère avait une noblesse de caractère et une bonne compréhension et l'Imam Ach-Chafi^iyy aimait le voyage car il considérait qu'il comportait beaucoup d'utilités. Il disait: «Je vais parcourir les pays de long en large pour rechercher la Science ou bien je meurs inconnu. Si je meurs j'espère que Allah me fera miséricorde, mais si je suis sauvé le retour sera proche». Et Ach-Chafi^iyy a dit [parce que Ach-Chafi^iyy composait beaucoup de poèmes, et cela était en poésie] au sujet des bienfaits du voyage:
«Pars en voyage, tu trouveras ce qui compense, ce que tu quittes.
Et supporte la fatigue car la meilleure vie, c'est dans la fatigue.
J'ai vu que lorsque l'eau s'arrête de couler, elle stagne.
Et lorsqu'elle coule, elle devient douce.
Mais si elle ne coule pas, elle n'est pas bonne.
Et si le lion ne quitte pas la forêt,
Il ne pourra pas chasser.
Et si la flèche ne quitte pas l'arc, elle n'atteint pas sa cible.»
L'honneur de l'ascendance de Ach-Chafi^iyy ne l'a pas détourné du travail et de la recherche de sa subsistance afin de vivre du fruit de son labeur. Par la suite, un des gouverneurs du Yémen l'a mandaté à Najran en tant que gouverneur. Dans cette responsabilité, son extrême intelligence et sa noblesse de caractère pour ne pas commettre d’injustices se sont manifestées. Ainsi, il a refusé la flatterie et la corruption, alors que celui qui l’avait précédé avait accepté cela.
Ach-Chafi^iyy en Iraq.
En arrivant à Bagdad, Ach-Chafi^iyy, avait trente-quatre ans. Il y a résidé pendant deux ans, puis il s'était complètement libéré de ses occupations pour apprendre la Science et la Jurisprudence auprès de Mouhammad Ibnou l-Haçan Ach-Chaybaniyy, le compagnon de Abou Hanifah. À partir de là, il a réuni la Jurisprudence du Hijaz basée sur la transmission et la Jurisprudence de l'Iraq basée sur la déduction. Et c'est ainsi que Ach-Chafi^iyy a atteint le grade des Imams de la Jurisprudence aussi bien par la déduction que par la transmission.
Ibnou Hajar a dit de Ach-Chafi^iyy : «Il a rassemblé la science des savants qui déduisent des lois et la science des savants spécialistes du Hadith.»
Les chouyoukhs (enseignants) de l'Imam Ach-Chafi^iyy
Parmi ses chouyoukhs en Iraq, il y a Waki^ Ibnou l-Jarrah Al-Koufiy, 'Abou 'Ouçama Hammad Ibnou 'Ouçama Al-Koufiyy, 'Isma^il Ibnou ^Atiyyah Al-Basriyy et ^Abdou l-Wahhab Ibnou ^Abdal-Hamid Al-Basriyy.
Parmi ses chouyoukhs à Médine figurent Malik Ibnou 'Anas Al-'Asbouhiy, 'Ibrahim Ibnou Sa^ad Al-'Ansariyy, ^Abdou l -^Aziz Ibnou Mouhammad Ad-Dawardiyy, 'Ibrahim Ibnou Yahya Al-'Ouçamiyy, Mouhammad Ibnou Sa^id Ibnou 'Abi Foudayk et ^Abdou l-Lah Ibnou Nafi^ As-Sa'igh.
Parmi ses chouyoukhs au Yémen, il y a Moutraf Ibnou Mazin, Hicham Ibnou Youçouf le juge de San^a', ^Oumar Ibnou 'Abi Mouslamah le compagnon de Al-Awza^iyy et Yahya Ibnou Haçan le compagnon de Al-Layth Ibnou Sa^d.
Ach-Chafi^iyy et 'Ahmad Ibnou Hanbal.
Lorsque Ach-Chafi^iyy est retourné à La Mecque pour transmettre et donner son enseignement dans l'enceinte sacrée, il y avait rencontré les plus grands savants durant la période du Pèlerinage. Ces derniers ont appris la Science auprès de lui, il avait par la suite rencontré 'Ahmad Ibnou Hanbal, le glorieux savant, que Allah l’agrée. Lorsque 'Ahmad avait été interrogé au sujet de Ach-Chafi^iyy, il a dit: «C'est une grâce que Allah nous a accordé. J'ai pu profiter de son assemblée durant des jours et des nuits; je n'ai remarqué en lui que du bien, que Allah lui fasse miséricorde! » Ibnou Hanbal allait souvent aux assemblées de Ach-Chafi^iyy, il le respectait beaucoup et il l'honorait. Il a été dit qu’un jour, Ach-Chafi^iyy était sur son âne et Ibnou Hanbal marchait à ses côtés en train de réviser avec lui des questions de Religion. Lorsque Yahya Ibnou Mou^in en a été informé, il a blâmé 'Ahmad Ibnou Hanbal pour avoir fait cela. C'est alors que l'Imam 'Ahmad lui a dit: «Si tu avais été de l'autre côté de l'âne, cela aurait été mieux pour toi.»
En l'an cent-quatre-vingt-quinze (en français on écrit les chiffres en lettres) de l'Hégire, Ach-Chafi^iyy est arrivé à Baghdad après avoir bien appris les fondements et les règles de la Jurisprudence. Les savants, les mouhaddiths et les spécialistes de la croyance sont venus profiter de sa science. C’est ainsi qu'il a diffusé de sa science en Iraq où il avait des élèves et des disciples, son Ecole en Iraq était réputée et connue sous l'appellation de l’ «Ancienne Ecole ». Il était, que Allah lui fasse miséricorde, le premier à avoir classé en plusieurs chapitres les domaines de la Jurisprudence qui sont déjà connus. Mais malgré cela, il disait: «J'aurais souhaité que l'on apprenne de moi cette science sans pour autant qu'on me l'attribue.» Et parmi ses paroles, il y a: «Jamais je n’ai débattu avec quelqu’un si ce n’est dans l’espoir que Allah fasse apparaitre la vérité de ma part ou de celui avec qui je débat.»
Ach-Chafi^iyy, que Allah lui fasse miséricorde, avait une très belle voix. Il était extrêmement généreux et courageux. Il était très adroit au tir à l’arc. Il visait juste dans ce qu'il pensait des gens et avait un comportement d’excellence. Pour ce qui est de la langue arabe, ses paroles et ses arguments étaient convaincants, à l’image de Imrou’o l-Qayç, et Labid et leurs semblables; tout comme l'a rapporté Ibnou Salah dans ses Tabaqat qu’il a extraites du chapitre des Mouhammadin qui se trouve dans le livre de Hicham As-Sira, avec une chaîne de transmission sûre. C’est pour cela que Ibnou l-Hajib a dit dans son Ta^rif: «C'est la langue de Ach-Chafi^iyy comme on dit la langue de Tamim ou de Rabi^». Et Ach-Chafi^iyy, que Allah lui fasse miséricorde, était étonnant dans sa maîtrise de la généalogie des Arabes, de l'histoire [culturelle, sociale, politique et économique] des Arabes.
Un jour, Haroun Ar-Rachid lui a demandé une exhortation, il l'a faite en lui disant des paroles qui sont extrêmement sensibles qu'il a rapportées de Tawous Al-Yamaniyy. C'est alors que Ar-Rachid s'est mis à pleurer et il a ordonné qu'on donne beaucoup d'argent et des cadeaux à Ach-Chafi^iyy. Mais, Ach-Chafi^iyy les a distribués devant la porte de chez Ar-Rachid.
Ar-Raziyy, dans son livre "Manaqibou Ach-Chafi^iyy" a dit: «Sache que Ach-Chafi^iyy, que Allah lui fasse miséricorde, a composé son livre "Ar-Riçalah " alors qu'il était à Baghdad, lorsqu'il est revenu en Égypte, il l'a réécrit de nouveau; et dans chacune des deux versions, il y avait beaucoup de Science.»
En l'an cent-quatre-vingt-dix-huit de l'Hégire, c'était Al-Ma’moun Al-^Abbasiyy qui est devenu le calife des Musulmans. Mais à son époque, Ach-Chafi^iyy n'a pas pris goût au séjour à Baghdad, étant donné que les Perses avaient le dessus et avaient pris les rouages de l'état alors que Ach-Chafi^iyy qui était arabe, Qourachiy, était fier de la Loi de l'Islam. Quant à Al-Ma’moun, il encourageait la Philosophie qui s'était propagée à son époque. Il avait même proposé à Ach-Chafi^iyy de se charger de la fonction de qadi (juge), mais Ach-Chafi^iyy l'a refusé.
Lorsque Ach-Chafi^iyy a décidé de partir s'installer en Égypte, il a dit [ en poésie]:
Je me suis senti nostalgique et désireux de partir en Égypte.
Et pour cela, je suis prêt à traverser les déserts.
Par Allah, je ne sais pas, si j’y vais pour la réussite et la richesse
ou si j’y vais pour y être enterré.»
Ach-Chafi^iyy a résidé [en Égypte] pendant quatre ans et quelques, durant lesquels ses livres se sont diffusés et il est devenu célèbre. Il a obtenu la réussite grâce aux gens qui sont venus pour apprendre de lui, à l’amour qu’ils lui portent et à la propagation de son école parmi eux.
Ar-Rabi^ Ibnou Soulayman, l'élève de Ach-Chafi^iyy, a dit: «Ach-Chafi^iyy tenait son assemblée dès qu'il finissait la prière de l'aube. C'est alors que venaient les gens qui apprenaient le Qour'an. Lorsque le soleil se lève, ce sont les gens du Hadith qui viennent pour lui demander qu’il leur explique le sens des hadith. Quand le soleil se lève encore plus haut, il tient une assemblée consacrée à la révision et aux questions de Jurisprudence. Lorsque ad-douha s'écoule, ils se dispersent et arrivent les gens qui viennent apprendre ^aroud (c'est la science de la composition des poèmes) et de an-nahwou (la grammaire arabe et la poésie), ils restent ainsi jusqu'après la moitié de la journée -pour voir combien Allah a donné de la barakah dans le temps de ce savant.
Ach-Chafi^iyy, que Allah lui fasse miséricorde, était extrêmement rigoureux dans ce qu'il rapporte, dans ce que les gens rapportent comme étant la parole du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wa sallam. Il posait comme condition pour celui qui rapporte le hadith, d’être véridique et ascète, de comprendre ce qu'il rapporte, d’avoir la mémoire et d’avoir entendu le hadith directement de celui de qui il le rapporte. Ach-Chafi^iyy considère que l’avis de l'unanimité (c'est-à-dire l'unanimité de la communauté de Mouhammad, salla l-Lahou ^alayhi wa sallam) à une époque donnée, sur un jugement comme étant un argument et ce, bien sûr après avoir posé des conditions qui éloignent l'anarchie de cette loi. Il détestait l'outrance dans la religion, il considérait qu'il n'était pas permis à quelqu'un de dire dans la Loi quelque chose en suivant son avis personnel, sauf si cet avis personnel est basé sur al-qiyas, l'analogie.[ C'est de donner un avis sur une question qui n'a pas été sujette à un texte par le même jugement que la question qui a été sujette à un texte en raison de leur association sur la raison du jugement à condition que celui qui émet ce jugement est apte pour faire l'ijtihad et pour faire al-qiyas, l'analogie.]
Ar-Raziyy disait au sujet de la Jurisprudence de Ach-Chafi^iyy «Sache que la maîtrise de Ach-Chafi^iyy de la science des fondements de la Loi al-'ousoul est semblable à celle qu’a Aristote de la science de l’élocution et pareille à la maîtrise de Khalil Ibnou 'Ahmad de la science de la poésie."
Sa maladie et son décès.
Ach-Chafi^iyy a été exposé durant sa vie à plusieurs maladies parmi lesquelles, les hémorroïdes qui lui causé des hémorragies à plusieurs occasions. Une fois, cette maladie l'a exposé à une hémorragie tellement intense qu’il en est mort, que Allah lui fasse miséricorde.
Ach-Chafi^iyy est mort en Égypte la nuit du jeudi après le coucher du soleil, la dernière nuit du mois de Rajab de l'an deux cent quatre de l’Hégire, il avait alors cinquante quatre ans. Son décès eut lieu chez ^Abdou l-Lah Ibnou l-Hakam à qui il a donné son testament. Il a été inhumé le lendemain de son décès, le vendredi. C’est le clan de ^Abdou l-Hakam qui l'a enterré dans leur cimetière à Qarafah s-Soughrah. Ils ont élevé au-dessus de sa tombe [ comme c'est un cimetière privé, il est permis de construire] un dôme que Salahou d-Din a restauré. Il a construit à ses côtés une madrassah As-Salahiyyah, c'est-à-dire l'école Salahiyy, en l'an cinq cent soixante quinze de l'Hégire (1179), qui était un bastion pour la propagation de l'école Chafi^iyy..
Le dôme de Ach-Chafi^iyy
L'auteur a dit qu'il s'agit d'un dôme éminent que les ingénieurs, les architectes ont embelli, ont décoré de la meilleure décoration; il a été restauré et réparé par les rois et les gouverneurs. Il est écrit en poésie sur les deux battants de la porte de ce dôme, ce qui signifie:
«Ach-Chafi^iyy est l'Imam de tous les gens dans la science, dans l'indulgence, dans l'élévation et dans la force.
A lui l'imamah dans le bas monde qui a été donné tout comme le califat est dans les fils de Al-^Abbas.
Ses élèves sont les meilleurs compagnons et son école est la meilleure des écoles pour les gens.» [Et il a dit selon le jugement de Allah]
Au-dessus du croissant du dôme, il y a un petit bateau qui y est fixé depuis qu'il a été édifié. L'Imam Al-Bousayriyy, l'auteur de Al-Bourdah, mort en l'an 695 de l'Hégire (1295 ) a dit lui aussi en poésie:
«Sur le dôme de la tombe de Ach-Chafi^iyy, il y a une embarcation qui a jeté l’ancre, qui a été fixé dans un édifice fortement bâti. Le déluge de sa Science a enveloppé sa tombe, et ce navire a flotté au-dessus de cette tombe».
Puis, il a décrit le navire que l'on voyait sur le dôme de Ach-Chafi^iyy.
Par la suite, l'auteur a décrit le montage, l'architecture et les différentes restaurations sur la tombe de Ach-Chafi^iyy et a fini ce chapitre par sa parole:
«La tombe de Ach-Chafi^iyy fait partie des plus importantes d'Égypte et le dôme qui surplombe cette tombe a été, durant les époques et demeure encore, un lieu de haute estime».
Parmi ses chouyoukhs à Médine figurent Malik Ibnou 'Anas Al-'Asbouhiy, 'Ibrahim Ibnou Sa^ad Al-'Ansariyy, ^Abdou l -^Aziz Ibnou Mouhammad Ad-Dawardiyy, 'Ibrahim Ibnou Yahya Al-'Ouçamiyy, Mouhammad Ibnou Sa^id Ibnou 'Abi Foudayk et ^Abdou l-Lah Ibnou Nafi^ As-Sa'igh.
Parmi ses chouyoukhs au Yémen, il y a Moutraf Ibnou Mazin, Hicham Ibnou Youçouf le juge de San^a', ^Oumar Ibnou 'Abi Mouslamah le compagnon de Al-Awza^iyy et Yahya Ibnou Haçan le compagnon de Al-Layth Ibnou Sa^d.
En l'an cent-quatre-vingt-quinze (en français on écrit les chiffres en lettres) de l'Hégire, Ach-Chafi^iyy est arrivé à Baghdad après avoir bien appris les fondements et les règles de la Jurisprudence. Les savants, les mouhaddiths et les spécialistes de la croyance sont venus profiter de sa science. C’est ainsi qu'il a diffusé de sa science en Iraq où il avait des élèves et des disciples, son Ecole en Iraq était réputée et connue sous l'appellation de l’ «Ancienne Ecole ». Il était, que Allah lui fasse miséricorde, le premier à avoir classé en plusieurs chapitres les domaines de la Jurisprudence qui sont déjà connus. Mais malgré cela, il disait: «J'aurais souhaité que l'on apprenne de moi cette science sans pour autant qu'on me l'attribue.» Et parmi ses paroles, il y a: «Jamais je n’ai débattu avec quelqu’un si ce n’est dans l’espoir que Allah fasse apparaitre la vérité de ma part ou de celui avec qui je débat.»
Ach-Chafi^iyy, que Allah lui fasse miséricorde, avait une très belle voix. Il était extrêmement généreux et courageux. Il était très adroit au tir à l’arc. Il visait juste dans ce qu'il pensait des gens et avait un comportement d’excellence. Pour ce qui est de la langue arabe, ses paroles et ses arguments étaient convaincants, à l’image de Imrou’o l-Qayç, et Labid et leurs semblables; tout comme l'a rapporté Ibnou Salah dans ses Tabaqat qu’il a extraites du chapitre des Mouhammadin qui se trouve dans le livre de Hicham As-Sira, avec une chaîne de transmission sûre. C’est pour cela que Ibnou l-Hajib a dit dans son Ta^rif: «C'est la langue de Ach-Chafi^iyy comme on dit la langue de Tamim ou de Rabi^». Et Ach-Chafi^iyy, que Allah lui fasse miséricorde, était étonnant dans sa maîtrise de la généalogie des Arabes, de l'histoire [culturelle, sociale, politique et économique] des Arabes.
Un jour, Haroun Ar-Rachid lui a demandé une exhortation, il l'a faite en lui disant des paroles qui sont extrêmement sensibles qu'il a rapportées de Tawous Al-Yamaniyy. C'est alors que Ar-Rachid s'est mis à pleurer et il a ordonné qu'on donne beaucoup d'argent et des cadeaux à Ach-Chafi^iyy. Mais, Ach-Chafi^iyy les a distribués devant la porte de chez Ar-Rachid.
Ar-Raziyy, dans son livre "Manaqibou Ach-Chafi^iyy" a dit: «Sache que Ach-Chafi^iyy, que Allah lui fasse miséricorde, a composé son livre "Ar-Riçalah " alors qu'il était à Baghdad, lorsqu'il est revenu en Égypte, il l'a réécrit de nouveau; et dans chacune des deux versions, il y avait beaucoup de Science.»
En l'an cent-quatre-vingt-dix-huit de l'Hégire, c'était Al-Ma’moun Al-^Abbasiyy qui est devenu le calife des Musulmans. Mais à son époque, Ach-Chafi^iyy n'a pas pris goût au séjour à Baghdad, étant donné que les Perses avaient le dessus et avaient pris les rouages de l'état alors que Ach-Chafi^iyy qui était arabe, Qourachiy, était fier de la Loi de l'Islam. Quant à Al-Ma’moun, il encourageait la Philosophie qui s'était propagée à son époque. Il avait même proposé à Ach-Chafi^iyy de se charger de la fonction de qadi (juge), mais Ach-Chafi^iyy l'a refusé.
Lorsque Ach-Chafi^iyy a décidé de partir s'installer en Égypte, il a dit [ en poésie]:
Je me suis senti nostalgique et désireux de partir en Égypte.
Et pour cela, je suis prêt à traverser les déserts.
Par Allah, je ne sais pas, si j’y vais pour la réussite et la richesse
ou si j’y vais pour y être enterré.»
Ar-Rabi^ Ibnou Soulayman, l'élève de Ach-Chafi^iyy, a dit: «Ach-Chafi^iyy tenait son assemblée dès qu'il finissait la prière de l'aube. C'est alors que venaient les gens qui apprenaient le Qour'an. Lorsque le soleil se lève, ce sont les gens du Hadith qui viennent pour lui demander qu’il leur explique le sens des hadith. Quand le soleil se lève encore plus haut, il tient une assemblée consacrée à la révision et aux questions de Jurisprudence. Lorsque ad-douha s'écoule, ils se dispersent et arrivent les gens qui viennent apprendre ^aroud (c'est la science de la composition des poèmes) et de an-nahwou (la grammaire arabe et la poésie), ils restent ainsi jusqu'après la moitié de la journée -pour voir combien Allah a donné de la barakah dans le temps de ce savant.
Ach-Chafi^iyy, que Allah lui fasse miséricorde, était extrêmement rigoureux dans ce qu'il rapporte, dans ce que les gens rapportent comme étant la parole du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wa sallam. Il posait comme condition pour celui qui rapporte le hadith, d’être véridique et ascète, de comprendre ce qu'il rapporte, d’avoir la mémoire et d’avoir entendu le hadith directement de celui de qui il le rapporte. Ach-Chafi^iyy considère que l’avis de l'unanimité (c'est-à-dire l'unanimité de la communauté de Mouhammad, salla l-Lahou ^alayhi wa sallam) à une époque donnée, sur un jugement comme étant un argument et ce, bien sûr après avoir posé des conditions qui éloignent l'anarchie de cette loi. Il détestait l'outrance dans la religion, il considérait qu'il n'était pas permis à quelqu'un de dire dans la Loi quelque chose en suivant son avis personnel, sauf si cet avis personnel est basé sur al-qiyas, l'analogie.[ C'est de donner un avis sur une question qui n'a pas été sujette à un texte par le même jugement que la question qui a été sujette à un texte en raison de leur association sur la raison du jugement à condition que celui qui émet ce jugement est apte pour faire l'ijtihad et pour faire al-qiyas, l'analogie.]
Ar-Raziyy disait au sujet de la Jurisprudence de Ach-Chafi^iyy «Sache que la maîtrise de Ach-Chafi^iyy de la science des fondements de la Loi al-'ousoul est semblable à celle qu’a Aristote de la science de l’élocution et pareille à la maîtrise de Khalil Ibnou 'Ahmad de la science de la poésie."
Ach-Chafi^iyy est mort en Égypte la nuit du jeudi après le coucher du soleil, la dernière nuit du mois de Rajab de l'an deux cent quatre de l’Hégire, il avait alors cinquante quatre ans. Son décès eut lieu chez ^Abdou l-Lah Ibnou l-Hakam à qui il a donné son testament. Il a été inhumé le lendemain de son décès, le vendredi. C’est le clan de ^Abdou l-Hakam qui l'a enterré dans leur cimetière à Qarafah s-Soughrah. Ils ont élevé au-dessus de sa tombe [ comme c'est un cimetière privé, il est permis de construire] un dôme que Salahou d-Din a restauré. Il a construit à ses côtés une madrassah As-Salahiyyah, c'est-à-dire l'école Salahiyy, en l'an cinq cent soixante quinze de l'Hégire (1179), qui était un bastion pour la propagation de l'école Chafi^iyy..
«Ach-Chafi^iyy est l'Imam de tous les gens dans la science, dans l'indulgence, dans l'élévation et dans la force.
A lui l'imamah dans le bas monde qui a été donné tout comme le califat est dans les fils de Al-^Abbas.
Ses élèves sont les meilleurs compagnons et son école est la meilleure des écoles pour les gens.» [Et il a dit selon le jugement de Allah]
Au-dessus du croissant du dôme, il y a un petit bateau qui y est fixé depuis qu'il a été édifié. L'Imam Al-Bousayriyy, l'auteur de Al-Bourdah, mort en l'an 695 de l'Hégire (1295 ) a dit lui aussi en poésie:
«Sur le dôme de la tombe de Ach-Chafi^iyy, il y a une embarcation qui a jeté l’ancre, qui a été fixé dans un édifice fortement bâti. Le déluge de sa Science a enveloppé sa tombe, et ce navire a flotté au-dessus de cette tombe».
Puis, il a décrit le navire que l'on voyait sur le dôme de Ach-Chafi^iyy.
Par la suite, l'auteur a décrit le montage, l'architecture et les différentes restaurations sur la tombe de Ach-Chafi^iyy et a fini ce chapitre par sa parole:
«La tombe de Ach-Chafi^iyy fait partie des plus importantes d'Égypte et le dôme qui surplombe cette tombe a été, durant les époques et demeure encore, un lieu de haute estime».