L'exégèse des 'ayah non explicites

La croyance des prédécesseurs, as-salaf & des successeurs, al-khalaf.

L'exégèse des 'ayah non explicites

Ainsi, l'exégèse des 'ayah non explicites doit être renvoyée aux 'ayah explicites. Ceci concerne les choses non explicites qu'il est possible pour les savants de connaître. Par contre, ce qui est non explicite qui est visé par Sa parole:

﴿وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ اللهُ﴾1

(wa ma ya^lamou ta'wilahou 'il-la l-Lah)

ce qui signifie: «Et ne sait son ta'wil que Allah», selon la récitation rapportée du Qour'an s'arrêtant au terme الله (Allah), il s'agit de ce qui est de l'ordre de l'avènement du jour dernier, de l'apparition du faux Messie (ad-dajjal) et elle n'est donc pas du même ordre que dans la 'ayah de al-istiwa'.
Il a été rapporté du Prophète:

"إِعْمَلُوا بِمُحْكمِهِ وَآمِنُوا بِمُتَشَابِهِه"

('i^malou bimouhkamihi wa 'aminou bimoutachabihih)

ce qui signifie: «Agissez en conformité avec ce qui est explicite de ses ['ayah] et croyez en ce qui n'est pas explicite», en sachant que ce hadith est da^if mais d'une légère faiblesse.
Le Mouhaddith, le Hafidh, le linguiste et spécialiste du fiqh hanafiyy Mourtada Az-Zabidiyy, a dit dans son commentaire intitulé 'It-hafou s-Sadati l-Mouttaqin, en rapportant du livre At-Tadhkiratou ch-Charqiyyah de Al-Qouchayriyy, textuellement :
"Quant à la parole de Allah ^azza wa jall:

﴿وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ اللهُ﴾2

(wa ma ya^lamou ta'wilahou 'il-la l-Lah)

ce qui signifie: «Et ne sait son ta'wil que Allah», ce qui est visé par cela, c'est l'heure de l'avènement du jour dernier. Les idolâtres avaient en effet interrogé le Prophète ﷺ à propos de l'avènement du jour dernier, dans quelle époque il viendrait et quand il aurait lieu. Cette 'ayah non explicite fait donc référence à la science de ce qui nous est caché (ghayb). Nul ne sait l'issue des choses sinon Allah ^azza wa jall. Pour cela, Il dit:

﴿هَلْ يَنْظُرُونَ إِلاَّ تَأْوِيلَهُ يَوْمَ يَأْتِي تَأْوِيلُه﴾3

(hal yandhourouna 'il-la ta'wilahou yawma ya'ti ta'wilouh)

c'est-à-dire ne voient-ils que l'avènement de l'heure du jour dernier? Et comment est-il possible à quelqu'un de dire à propos du Livre de Allah ta^ala qu'il s'y trouve ce dont aucune créature n'a les moyens d'en connaître la signification et ce dont nul ne connaît l'interprétation sinon Allah ? Ceci n'est-il pas une des plus graves atteintes aux prophéties? Et comment est-il possible de dire que le Prophèter n'a pas connu l'interprétation de ce qui est parvenu au sujet des attributs de Allah ta^ala et qu'il a appelé les créatures à connaître ce qui ne peut être connu? Allah ne dit-Il pas:

﴿بِلِسَانٍ عَرَبِيٍّ مٌبِين﴾

(biliçanin ^arabiyyin moubin)

ce qui signifie: «Dans une langue arabe claire» ?! Ainsi, selon leur prétention, il est donc obligatoire qu'ils disent qu'Il a menti lorsqu'Il dit:

﴿بِلِسَانٍ عَرَبِيٍّ مٌبِين﴾

(biliçanin ^arabiyyin moubin)

ce qui signifie: «Dans une langue arabe claire», puisque cela ne peut pas être connu selon eux! Sinon, où serait donc cette clarté?! Et le Qour'an est dans la langue des Arabes, comment prétendre donc que les Arabes ne le comprennent pas puisqu'il est en arabe ?! Que dire donc d'une parole dont la signification revient à attribuer le mensonge au Seigneur Soubhanah?!
Deplus, le Prophète appelait les gens à adorer Allah ta^ala. Donc, s'il y avait dans ses paroles et dans ce qu'Il transmet à sa communauté, ce dont l'interprétation n'est sue que par Allah, les gens auraient pu lui dire: «Explique-nous d'abord Qui tu nous appelles à adorer et ce que tu dis», car la croyance en ce dont la base ne peut être connue n'est pas une chose qui peut advenir –c'est-à-dire qui n'est pas possible–. D'autre part, attribuer au Prophète qu'il aurait appelé à adorer un Seigneur ayant pour attributs des attributs que l'on ne peut comprendre est une chose grave, qu'aucun musulman ne peut concevoir. En effet, l'ignorance des attributs entraîne l'ignorance de celui qui a ces attributs. Le but de ce propos, c'est que celui qui a un peu de raison sache et discerne bien que la parole de celui qui dit: (Son 'istiwa' est un attribut qui Lui est propre et dont on ne peut comprendre la signification, Son yad est un attribut qui Lui est propre et dont on ne peut comprendre la signification et Son qadam est un attribut qui Lui est propre et dont on ne peut comprendre la signification), cette parole est une tromperie, comportant implicitement une qualification par un comment s'agissant de Allah, de lui considérer des ressemblants et aussi un appel à l'ignorance. La vérité apparaît ainsi clairement à celui qui est doté de raison. De plus, celui-là qui nie l'interprétation, est-ce qu'il nie l'interprétation dans tous les cas et à propos de toute 'ayah ou est-ce qu'il se contente de nier l'interprétation seulement à propos des attributs de Allah ta^ala ?
S'il s'abstient de l'interprétation de façon absolue, il aura aboli la Loi de l'Islam et les sciences car il n'y a pas une 'ayah –parmi les 'ayah au sujet desquelles il y a une divergence sur le fait de faire leur interprétation ou pas– et de nouvelle sans qu'il y ait un besoin d'interprétations et de connaître les différents sens des termes et des phrases selon la langue–sauf ce qui est explicite, de l'ordre de Sa parole ta^ala:

﴿وَهُوَ بِكُلِّ شَىْءٍ عَلِيم﴾4

(wahouwa bikoulli chay'in ^alim)

ce qui signifie: «Et Il est Celui Qui sait absolument tout», de ce qui est cité au sujet des attributs de Allah, et de l'ordre de Sa parole ta^ala: (wa hourrimat ^alaykoumou l-maytatou wa d-damou wa lahmou l-khinzir)5 ce qui signifie: «Et il vous a été interdit de consommer la maytah6 , le sang et la chair de porc» concernant les lois–. En effet, il y a des choses qu'il est indispensable d'interpréter, il n'y a pas de divergence à ce sujet chez les gens raisonnables, sauf chez les irréligieux dont l'objectif est de contredire les Lois [révélées aux prophètes].
La croyance en cela entraîne l'invalidité de ce qu'il prétend comme dévotion à la Chari^ah. S'il dit qu'il est permis de faire des interprétations en général –c'est-à-dire dans certains cas– sauf en ce qui concerne Allah et Ses attributs et qu'il n'y avait donc pas d'interprétation possible à leur sujet, ceci veut donc dire que ce qui concerne autre que Allah ta^ala, c'est un devoir de le connaître et que ce qui concerne le Créateur et Ses attributs, c'est un devoir de s'en éloigner et ça, aucun musulman ne peut l'accepter. Le fond de la question, c'est que ceux-là mêmes qui s'interdisent d'interpréter croient en la réalité même de l'assimilation (tachbih). Seulement, ils fraudent et disent qu'Il a un yad pas comme les yad, un qadam pas comme les qadam et un istiwa' par Son Être pas comme nous percevons les choses avec nos raisons. Alors, que celui qui fait partie des gens de vérité et dotés de compréhension dit: ce sont là des paroles qu'il est indispensable de tirer au clair. Votre parole: (Nous considérons le sujet selon le sens qui vient communément à l'esprit et nos raisons ne peuvent en saisir la signification), cette parole se contredit elle-même. Effectivement, si tu interprètes selon le sens qui vient communément à l'esprit, alors le sens qui vient communément à l'esprit de saq dans Sa parole ta^ala :

﴿يَوْمَ يُكْشَفُ عَنْ سَاقٍ﴾7

(yawma youkchafou ^an saq)8

c'est le sens du membre inférieur qui est constitué de la peau, de la chair, des os, des ligaments et de la moelle. Si tu prends ce sens qui vient communément à l'esprit et que tu t'attaches à admettre ces organes, c'est donc de la mécréance. Si par contre, tu ne dis pas cela alors où est le fait de prendre le sens qui vient communément à l'esprit? Si notre adversaire dit: ce sont des sens qui viennent communément à l'esprit qui n'ont pas de signification au fond, alors ça serait juger que ces 'ayah sont caduques, qu'il n'y avait pas d'utilité dans le fait qu'elles nous soient transmises et qu'elles sont en pure perte; et ça, c'est une chose impossible. Dans la langue des Arabes, il y a de grandes possibilités d'utilisation des sens figurés et beaucoup de richesse dans le langage. De plus, les arabes connaissaient les racines des mots et comprenaient les diverses significations. Celui donc qui ne s'autorise jamais à expliquer les textes par autre que le sens apparent, c'est en raison de son peu de compréhension de la langue. Quant à celui qui a de vastes connaissances dans la langue arabe d'origine9 , il lui est facile de saisir les sens réels.
Il a été dit:

﴿وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ اللهُ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْم﴾

(wa ma ya^lamou ta'wilahou 'il-la l-Lahou wa r-raçikhouna fi l-^ilm)

ce qui signifie: «Et ne sait son interprétation que Allah et ceux qui sont ancrés dans la science», c'est comme s'Il dit: et ceux qui sont ancrés dans la science aussi le connaissent et disent nous avons cru en cela. En effet, la croyance en un sujet n'est concevable qu'après avoir eu connaissance du sujet. Quant à ce dont on n'a aucune connaissance, y croire ne peut donc avoir lieu. Pour cette raison, Ibnou ^Abbas a dit: «Je fais partie de ceux qui sont ancrés dans la science». Fin de citation de la parole du Hafidh Az-Zabidiyy de ce qu'il a rapporté de Abou n-Nasri l-Qouchayriyy, que Allah lui fasse miséricorde.
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1 [sourate 'Ali ^Imran/7]
2 [Sourate 'Ali ^Imran/7]
3 [sourate Al-'A^raf/53]
4 [sourate Al-'An^am/101]
5 [sourate Al-Ma'idah/3]
6 C'est le cadavre de l'animal licite à la consommation qui est mort sans qu'il ne soit égorgé de la manière légale selon la Loi de l'Islam.
7 [sourat Al-Qalam/42]
8 Elle signifie qu'au jour du jugement il y sera dévoilé de très grandes difficultés, d'extrêmes difficultés.
9 Dans laquelle est descendue le Qour'an